Sary et sa famille ont quitté le Cambodge en guerre lorsqu’elle était enfant. Après une intégration facile dans le Nord de la France, elle a poursuivi une carrière de styliste de mode, et opère aujourd’hui un virage à 180° pour s’épanouir enfin en cuisine et faire honneur à la cuisine traditionnelle de ses grands-parents… en tant que chef à domicile à Lille pour notre plus grand plaisir. Rencontre.

Qui es-tu, d’où viens-tu ?
Je viens du Cambodge, que j’ai quitté à l’âge de 11 ans. C’était en février 1976. Toute la famille a fui la guerre. On est restés en Thaïlande dans un camp, pendant 1 an, à l’origine on avait prévu l’Amérique, tout le monde nous disait qu’il fallait aller là-bas, qu’il était facile de s’y faire une place, que tout était possible là-bas. Et au final, une famille s’est désistée pour la France, 6 places se sont libérées et ma maman s’est portée volontaire. Nous sommes donc arrivés ici, mes 3 frères et sœurs, mes parents et moi. On ne parlait pas du tout français, sauf mon père qui l’avait étudié, parce que le Cambodge était une colonie française. L’intégration s’est faite facilement. Chaque famille était accueillie par une famille d’accueil, qui venait nous rendre visite régulièrement pour nous aider dans la partie administrative, dans notre intégration, et ça nous a permis aussi de ne pas nous sentir trop isolés. A partir de là, on s’est installés, les enfants ont été scolarisés, et depuis notre arrivée en fait je suis toujours restée ici.
Pendant 27 ans, j’été styliste de mode, j’ai travaillé pour des grandes enseignes du Nord, en parallèle j’avais créé ma ligne de vêtements qui s’appelle Sary Nou. J’ai choisi cette voie parce que j’adorais créer, le dessin, j’adorais m’habiller différemment des autres. Aujourd’hui je suis en reconversion, je veux construire quelque chose qui tourne autour de la cuisine, de la cuisine traditionnelle de mes grands-parents, j’ai envie de la partager.
Comment as-tu appris à cuisiner ?
Tout simplement parce que notre devoir en tant que fille chez les asiatiques, c’est de savoir tout faire à la maison : tenir la maison et cuisiner, pour pouvoir être autonome. Chez nous l’éducation des filles se fait d’abord sur les aspects du quotidien, on doit savoir tout faire. Ma mère m’apprenait à cuisiner, à découper les légumes, la viande. Avant ça, la base c’était de savoir cuire du riz, et ensuite des woks : sautés de légumes au poulet, au boeuf. On commence par les plats les plus simples et ensuite les plats plus élaborés.

Qu’est-ce qui te manque du Cambodge?
Le climat, le soleil. Après, nous on est arrivés jeunes donc on s’est très bien intégrés en France et on ne sent pas la même nostalgie que nos parents. Mes parents ont eu l’impression d’avoir construit une vie et de devoir la laisser là-bas, de l’abandonner pour tout recommencer. Ils n’auraient pas imaginé devoir tout quitter. Après ils se sentent très bien ici, ils sont heureux. En français ils se débrouillent, par contre ils mangent principalement cambodgien au quotidien !
Tes premières impressions en arrivant en France ?
Ma grande surprise en arrivant, c’était les blonds aux bleus et la neige ! Tout ça n’existait pas chez nous. Je me souviens d’un petit garçon que j’ai carrément dévisagé de haut en bas.
Qu’est-ce qui te plait en France, et qu’est-ce que tu trouves plus difficile ?
Je trouve que les gens sont très tolérants. On est très vite intégrés et c’est ce que j’apprécie beaucoup en France. On a été déracinés du Cambodge mais très bien intégrés ici. On a tout de suite été pris en main par des gens très accueillants.
Le plus difficile pour moi c’est la langue française, elle est complexe !

Revenons à la cuisine, est-ce que tu cuisines tous les jours ?
Oui ! je passe 2 à 3 heures par jour à cuisiner chaque jour. Je fais avant tout avec ce que j’ai dans le frigo. Je fais des woks, des sautés, de la cuisine cambodgienne et laotienne. Je fais de la cuisine asiatique mais adaptée aux palais des enfants, je la fais plus douce. Et j’y mêle des légumes français : par exemple les épinards, ils n’existent pas au Cambodge, il m’arrive de les cuisiner dans un curry.
Quels sont tes plats favoris ?
Je me régale avec la fondue asiatique. Mais j’adore aussi la tarte au maroilles ! En fait je n’ai pas de plat favori, ça dépend de mes envies et de mes humeurs. On équilibre, entre les woks, les plats du nord, les bonnes frites !
L’ingrédient dont tu ne pourrais pas te passer ?
J’ai toujours de la citronnelle et du piment.
Qu’est-ce qui te motive dans l’idée d’aller cuisiner chez des particuliers ?
La cuisine a toujours été une passion, un moyen de communiquer avec mes proches et de partager des moment convivaux. Aujourd’hui j’ai envie de la partager au-delà de ma sphère personnelle, de faire honneur à la cuisine de mes parents et grands-parents. J’ai envie de faire découvrir la cuisine asiatique authentique, celle que l’on ne goûte que pendant les voyages. Elle est bien plus riche que celle que l’on connait ici, je veux contribuer à moderniser cette image que l’on en a.
Si tu étais cliente AnotherChef, quel plat choisirais-tu?
Je ferais venir un chef thaïlandais pour manger un vrai Ho Mok.

Sary propose désormais ses services de chef à domicile à Lille et en région lilloise. Profitez d’un délicieux dîner préparé chez vous par Sary pendant que vous prenez le temps avec vos invités : Sary s’occupe de vous régaler, avec des brochettes de poulet et crevettes parfumées, un Amok Trei, ce délicieux poisson en flan de coco, ou encore un traditionnel Pad Thaï ! Cuisine cambodgienne ou menu thaïlandais, si le plat que vous cherchez n’est pas proposé sur le site, n’hésitez pas à le demander (contact@anotherchef.com).